Les élections c’est comme le Canada Dry
« Comment s’occuper un dimanche d’élection » c’est la question et la proposition de François Bégaudeau dans son dernier ouvrage. Partant du constat que les élections sont comme le Canada Dry, ça a la couleur de la politique, ça ressemble à de la politique … mais c’est tout sauf de la politique. François Bégaudeau nous propose d’aller traquer la chose politique là où elle est c’est à dire en dehors des 5 minutes dans l’isoloir mais bien dans la vie, dans les luttes situées, à chaque fois qu’un groupe d’humain décide d’agir ensemble pour changer le monde qui l’entoure.
Cet ouvrage livre une analyse fine et revigorante de la manière dont le système électoral est pensé et construit pour la reproduction de l’ordre et la confiscation du pouvoir au profit de la minorité dominante. Voter ce serait abdiquer son pouvoir politique à intervalle régulier, laisser libre cours à un recommencement sans fin de la domination des classes possédantes. En effet, dans un système politique de plus en plus personnalisé où les programmes n’ont plus aucune réelle importance, se pose cruellement la question de la pertinence de la démocratie représentative. Point de mandat impératif à l’horizon ni même de mécanisme de révocation des élus ; laisse-moi faire, on s’occupe de tout. Dès lors, comment souscrire aux analyses multiples décrivant une population française désintéressée de la politique, plus occuper par des questions prosaïques (de pauvres donc) que de l’avenir du pays. Cette vision vient encore légitimer le fait que le seul régime politique qui vaille est la démocratie représentative et donc un système où quelques-uns en vertu d’une légitimité plus que douteuse viennent confisquer le pouvoir pour le maintien exclusif des équilibres de domination. Et si la vérité était plutôt dans le fait qu’une part croissante de la population est justement consciente que la fable de la démocratie représentative ne sert que des intérêts très particuliers ? Le changement n’est-il pas ailleurs, dans d’autres espaces, dans d’autres luttes pour le coup vraiment …. politiques. Au lieu de se désoler des chiffres croissants de l’abstention nous devrions peut-être nous en réjouir ou, au moins, y voir le signe d’un nécessaire changement en profondeur de notre système politique.