Le blasphème de la Décroissance

Le blasphème de la Décroissance

Dans un monde où le PIB et la Croissance sont devenus les mantras indiscutables à la gloire de l’ultralibéralisme, évoquer la Décroissance comme horizon possible pour l’humanité provoque des réactions qui ressemblent plus à une condamnation d’un outrage blasphématoire qu’à une argumentation rationnelle et étayée. 

La Croissance est bonne en soi, elle est intrinsèquement liée à la nature humaine et remettre cela en cause c’est être, au mieux, un nostalgique des cavernes et de la chasse au mammouth. Le livre de Timothée Parrique déconstruit pièce par pièce ce catéchisme, accumulant patiemment les arguments, études, chiffres …qui montrent que le culte de la Croissance et du PIB est une mythologie récente et o combien pétrie de contradictions et d’aporismes. La plus évidente est bien entendu le fait de défendre une croissance infinie dans un monde qui lui l’est en essayant de vendre un des concepts contemporains les plus fumeux : le découplage

Nos politiques économiques et plus largement nos choix de civilisation sont donc dictés par des fétiches mis en place pour profiter à un nombre toujours plus restreint d’habitants de cette planète. 

« L’absurdité de la situation ne manquera pas de consterner les générations futures, qui se demanderont à bon droit comment nous en sommes venus à organiser la société autour d’un unique indicateur monétaire, de la même manière que nous nous moquons aujourd’hui de ces tribus qui faisaient des sacrifices pour influencer la météo⁠1 » 

Le problème c’est qu’il ne s’agit plus aujourd’hui de faire tomber la pluie mais bien d’arriver à éviter la destruction de notre planète. Si le système capitaliste n’a de cesse de vouloir nous faire croire que « There are no alternative », il oublie juste de mentionner que nous n’avons pas de plan B hors de la planète Terre. Le mérite de « Ralentir ou périr », outre d’être une somme argumentative pour convaincre du constat: point de salut dans la croissance économique mesurée par le PIB, c’est de mettre les bons mots sur les bons maux. A croire que dire clairement que le capitalisme est le problème principal à notre survie collective est devenu quasiment tabou chez une partie des écologistes, même chez ceux ayant vélléité à défendre la Décroissance.  

Aussi, cet ouvrage commence à brosser un horizon d’attente, une première description de ce que pourrait être un monde Décroissant : plus juste, plus harmonieux, plus participatif … plus humain. Peut-être ce qui manque le plus aujourd’hui pour convaincre plus largement de la nécessité d’une transition volontaire vers une économie juste, participative et écologiquement durable. 

Répétons donc à l’envie que « Cette obsession pour la croissance économique, distinctive des systèmes productivistes contemporains, est une anomalie historique et anthropologique. L’associer à une quelconque nature humaine, c’est refuser le débat politique en tentant de légitimer une idéologie comme loi humaine universelle⁠2 » 

1 P270 – “Ralentir ou périr ” – Timothée Parrique

2 P263 – ” Ralentir ou périr “- Timothée Parrique

Articles liés

La gauche, l’Abbé Pierre et la figure toxique du héros

La gauche, l’Abbé Pierre et la figure toxique du héros

Gymnastique et effondrement

Gymnastique et effondrement

Le gouvernement Du peuple, Par Le peuple, Pour Le Peuple !

Le gouvernement Du peuple, Par Le peuple, Pour Le Peuple !

Les affects au service de la révolution démocratique verte !

Les affects au service de la révolution démocratique verte !