Si même Robert Ménard s’en rend compte …
Cela fait maintenant une quinzaine de jours qu’une impression désagréable m’assaille dès que je suis confronté aux actions de solidarités en direction du peuple ukrainien. Je devrais me féliciter de l’ampleur de la mobilisation et de l’énergie de nos concitoyens à vouloir aider des êtres humains en souffrance, en proie à la guerre et à son cortège d’atrocités. Cela devrait me rendre résolument optimiste comme un certain nombre de commentateurs arguant du retour des valeurs humanistes. Oui mais voilà, je n’y arrive pas et mieux, plus le temps passe et plus la mobilisation est d’ampleur et moins j’y arrive.
J’ai malheureusement dans la tête toute la colère liée à des décennies de stigmatisation, de rejet, de maltraitance de ceux que nous avons appelé les migrants. Les cadavres par milliers au fond de la Méditerranée et les larmes de ceux qui donnent leur existence à essayer d’éviter l’horreur comme Antoine Laurent le décrit si bien dans son livre.
J’ai malheureusement dans la tête toutes ses familles qui avaient travaillé pour le gouvernement français et que nous n’avons pas été foutu de sortir d’Afghanistan avant le retour si prévisible des talibans.
J’ai malheureusement dans la tête que notre gouvernement cautionnait et cautionne encore l’interdiction aux associations de fournir de la nourriture et de l’eau aux réfugiés de Calais au même moment où la maire de la ville ouvre une auberge de jeunesse pour les familles ukrainiennes.
J’ai malheureusement dans la tête le fait que l’exécutif français laisse grandir dans des camps au nord-est de la Syrie des enfants français au seul motif qu’ils sont coupables d’être nés dans la mauvaise famille, au mauvais moment.
La situation est tellement surréaliste qu’il faut que cela soit Robert Ménard qui fasse un mea-culpa publique en parlant de sa « faute » morale de ne pas avoir vu que derrière la couleur de la peau se cachait des enfants, des femmes et des hommes qui fuyaient le danger réel pour leurs vies. Il faut que cela soit cet homme d’extrême-droite qui dise devant tous qu’il s’est trompé et qu’au fond nous sommes tous des humains. Nous sommes en 2022 et j’ai l’impression que nous sommes encore en pleine controverse de Valladolid. Excusez-moi de ne pas pouvoir me réjouir de notre belle humanité …