Changer de mots pour résister ?

Changer de mots pour résister ?

Ecrire un dictionnaire d’économie est loin d’être anodin dans un contexte où nous avons l’impression que les mêmes mots circulent de plateaux télé en plateaux radio pour se retrouver dans les colonnes des journaux en ligne et des formats papiers. Ecrire un dictionnaire sur ce sujet c’est aujourd’hui tenter de résister à la doxa des économistes libéraux qui expliquent à longueur d’interventions qu’il n’y a pas d’alternative et que les discussions de fonds que nous devrions avoir ne sont que des caprices d’individus n’ayant pas accès à la clarté de la vérité. 

Thomas Porcher nous montre au fil des entrées que d’autres manières de construire la réalité sont non seulement possibles mais aussi profondément souhaitables. Cela est même indispensable afin de pouvoir envisager s’attaquer aux inégalités sociales qui minent nos sociétés et à l’urgence écologique qui menace les conditions même de notre existence terrestre. 

« Si l’on veut changer l’économie, envisager un autre avenir, il faut inventer un récit. Un expert est essentiel car il maîtrise son domaine mais il faut aussi un récit et des voix qui le portent⁠1 ». « Mon dictionnaire d’économie » proposent les mots qui pourraient composer ce récit, des définitions qui permettent de remettre en cause la fatalité du discours dominant. Ce livre s’inscrit bien entendu dans la lignée des travaux des économistes atterrés dont Thomas Porcher fait partie et notamment du livre « L’intégrisme économique » dont nous avons eu l’occasion de parler ici

Finissons par un extrait éminemment d’actualité puisqu’on le trouve à l’entrée « Retraites (réforme des) ». « Notre système de retraite est performant, il assure aux français un niveau de vie équivalent et leur permet d’avoir un taux de pauvreté des retraités parmi les plus faibles au monde. Il comporte des mécanismes de solidarité qui permettent de garantir un taux de remplacement plus élevé pour les bas salaires que pour les cadres. Alors pourquoi veut-on s’attaquer à notre système de retraite s’il est si performant ? Tout simplement pour faire des économies sur la dépense publique mais aussi pour ouvrir la voie à la capitalisation qui profiterait aux banques et aux assureurs. Rappelons que les retraites sont un marché de 300 milliards en France. Ceci explique sûrement cela⁠2 ». 

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