Une nuit au musée
Nuit espagnole est un livre politique. Et quel livre politique ! Le travail d’Adel Abdessemed nous amène dans les circonvolutions de la souffrance et du drame, de la recherche de la lumière, si petite soit elle, au milieu des épais draps noirs qui tombent sur notre monde.
Guernica ou le récit de l’innommable, Gernika ou le récit de l’espoir dans le grand rien. Guernica qui accouche Picasso comme artiste politique. Enfin Dora Maar qui fait de Picasso autre chose que cet être repoussoir en l’accompagnant vers Guernica.
Cette nuit au musée contée par Christophe Ono-dit-Bio nous ramène à l’essentiel. La politique n’est que de l’affect, encore de l’affect, toujours de l’affect comme le démontre si bien Frédéric Lordon sur les épaules de Spinoza et pas très loin de Pierre Bourdieu dans son ouvrage « Les affects de la politique» . La politique c’est de la chair, de la sueur, des larmes, du sang, de la lumière et de l’obscurité. La politique c’est la vie que l’on s’imagine contre les power-point et les indicateurs de performances.
Tout dans ce livre rappel l’urgence et la nécessité absolue de l’affect, du corps au contact du monde comme moteur profond de nos luttes. Tant que la souffrance et la domination exerceront leur œuvre destructrice, l’art et donc la politique et donc l’art et donc la vie seront les seules armes à notre disposition pour mériter de nous appelez encore « humains ».
Dans cette époque qui charge constamment le sac sur nos épaules, ce livre permet de prendre une respiration et de s’imaginer enfin capable de tout balancer pour faire ce que nous sommes censés faire : courir vers la vie.