Marine is coming !
Si la « France d’après » de Jérôme Fourquet ressemble beaucoup à la « France sous nos yeux » et à « L’Archipel français », ce livre présente néanmoins un triple intérêt.
Premièrement, il fait vivre les grilles d’analyse d’Emmanuel Todd et de Christophe Guilluy. Dans une période où ils ont été largement attaqués et ce, comme si il était malvenu d’enfin prendre en compte la vie, les affects et les comportements politiques des personnes qui peuplent 70% de notre territoire. Décrire inlassablement les habitants de la France moche, périphérique et rurale est une mission en soi tant notre société est compartimentée et tant les gens de pouvoir sont éloignés des ces réalités.
Deuxièmement, ce livre entérine le constat d’un paysage politique tripartite : NUPES, RN, Renaissance et apparentés. C’est en effet fondamental pour comprendre que tant que nous verrons la vie politique avec d’anciennes lunettes nous ne serons jamais à même de prendre les bonnes décisions. Faire comme si les LR et le PS existaient encore est une erreur qui nous mènera à la prise de pouvoir du RN dans notre pays. Verser des larmes de crocodiles à ce moment là ne servira plus à rien, avoir des remords d’avoir privilégié ses intérêts politiques au détriment de l’intérêt général non plus.
Car c’est ce troisième point qui fait une bonne partie de l’intérêt du livre. Il nous montre en effet très précisément sur les dernières 150 pages comment, malgré toutes les vicissitudes de sa vie interne, le RN n’a cessé de se renforcer et de gagner du terrain (au sens propre et au sens figuré) depuis 40 ans. Les jeunes en âge de voter qui défilaient dans la rue en 2002 (1 300 000 personnes tout de même) sont presque la moitié à voter RN aujourd’hui. Elle est loin la jeunesse qui emmerdait le Front National !
Alors nous pouvons, comme d’habitude, faire semblant de ne pas comprendre ce qui est en train de se passer. Continuer d’ignorer la dynamique à l’oeuvre en Europe et dans le monde. Trouver des milliers d’arguments fallacieux pour surtout éviter de s’unir et d’écouter ce que disent nos compatriotes. Pourtant des gens auront pris la peine de tenter de décrire ce qui est en train de se passer… comment expliquerons nous que nous ne les avons pas écouter ?